Fascicule paru chez Le Carnoplaste en 2008. Disponible ICI
Ah ! J’habite au seuil de la forêt d’Othe. Je dois la traverser sur une dizaine de kilomètres pour aller au cinéma ou pour faire les courses. Dans un virage il y a un banc, installé là par le grand père du voisin éleveur de pintades. Au milieu de nulle part. A chaque fois que je passais devant, je me disais : « quel formidable début de récit : assoir Harry Dickson là, au milieu de la forêt… et attendre que l’aventure se présente ».
Ce fut l’impulsion de départ du « réveil du Chronomaître ».
Ce qui est amusant, c’est que le lecteur n’en trouvera pas trace dans l’histoire. En prologue Harry Dickson et son élève sont bien assis (du moins Tom Wills) mais dans un « établissement fameux de Soho, tenu par Knurl Slomow et nommé le Swizzle’s Schouteet »…
Moi seul sait que le bois de ses poutres vient de la forêt d’Othe…
J’ai également détourné une architecture proche d’ici : dans l’histoire, il y a le quartier de « Washer’s hole », une sombre résurgence, une fosse aux eaux insondables. En réalité, c’est la fosse Dionne, à Tonnerre, bien connue de l’illustrateur Philippe Jozelon, qui peut la contempler de ses fenêtres. On la retrouve aussi dans une nouvelle d’Hebna Calde, où on en ressort le corps d’un plongeur étranglé à mains nues dans son propre scaphandre.
Autre chose : afin de nourrir mon récit d’une impression de réalité, la saison de mes histoires est la saison de son écriture. Si je l’écris en avril, ce sera le printemps sur le papier. Là, c’est au cours d’un hiver glaciaire qui enserre Londres. J’ai donc écrit l’affaire pendant l’hiver 2007, je pense. En règle générale, il me faut un mois pour écrire une aventure. Les premiers chapitres viennent lentement. J’élucide le mystère de la couverture-contrainte. Puis, à l’avant-dernier chapitre je décide de qui est le coupable. Ensuite, j’abandonne l’histoire pour autre chose. Et j’y reviens une semaine plus tard. Là, j’ai laissé le lecteur sur une incertitude totale. Seul un discret pictogramme en forme de main lui indique qu’il y aura une suite.
Je l’ai laissé patienter presque deux ans avant de conclure l’affaire avec « Le fil à couper le cœur ».
Fichu temps… Il y a des naufragés dans Hyde Park, qui ne peuvent retrouver le chemin de la City ; il y a un chasseur de daims ; « Big Ben lâch[e] son onzième coup, œuf parfait déposé dans les langes du Chaos »…
Les deux détectives ne peuvent résister à l’appel d’un homme mort qui revient les voir et dont la neige fond sur le crâne… car s’y loge un paysage (celui, bien sûr, de la couverture).
Alain Letort m’a dit que mon Londres était épatant. Alain aime la surprise de mes histoires : il a peint ses couvertures sans se soucier de ce qu’elles cachent. Le plaisir est grand de le surprendre à chaque aventure. Je le vois s’enfoncer dans la peinture, sur des chemins qu’il n’avait pas soupçonnés d’exister lorsque son pinceau les a peints.
Le personnage de Pictor Cellerimus est un clin d’œil que je lui adresse.
Je crois bien que cette histoire est l’enquête la plus étrange de mon Harry Dickson.
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