2020 / chapitre 3

The King (David Michôd) : Shakespeare ? Ah. Falstaff, bon, Joel Edgerton tente de lui donner un peu de relief. Sinon, acteurs filiformes, voûtés, malingres, inexpressifs, léthargiques. Scènes sans charge dramatique. Bataille d’Azincourt, boue et rugby au rayon casseroles. À la fin, Timothée Chalamet meets Lily-Rose Deep. Chalamet ? Le Paul Atréides du Dune à venir ? Aïe. Me demande si Villeneuve, réalisateur déjà bien raisonnable, ne ferait pas mieux de choisir une frite McCain à la place du comédien et de remplacer l’épice par de la Végétaline, histoire que ça frémisse un tant soit peu.

Motherless Brooklyn (de et avec Edward Norton) : une réussite. Au moins, il ne tombe pas dans le travers de Ben Affleck jouant et se mettant en scène, lui ne se filme pas torse nu ou à poil (cf. The Town et Argo).

Rouge impératrice : À propos des méfaits de ceux de Pongo : [Zama et Igazi] pouvaient témoigner de l’existence d’une post-humanité antérieure aux délires transhumanistes, car il avait fallu s’extirper de la race des hommes pour leur faire endurer tant de violences et d’injustice. (p. 442). Et pour méditer sur le rejet des migrants par les Européens : la politique de puissance dans laquelle on s’était engagé ne pouvait s’illustrer par la crainte des Sinistrés. (p. 545).

Je ne sais plus à quoi je me suis occupé hier. Sans doute pas à des choses à destination du lendemain.

La purge Abigail, le pouvoir de l’élue me fait songer à quel film épouvantable pourrait devenir Les Furtifs.

Dracula (Gatiss & Moffat) : #1 laid, long et grotesque. #2 laid, longuet, alambiqué et hors-piste foireux. Je me passerai du #3. Le second degré ne fonctionne pas. Ni l’enchâssement des récits. Les scénaristes donnent l’impression d’unir leurs efforts pour fuir à tout prix et confusément le mythe. Pas pour déplier finement l’histoire ou lui donner des prolongements malins. Bon. #3 tout de même. Laid, décousu. Cérébral. Théâtral. Vide. Abstrus. Etc. Là encore, une histoire-packaging. Dracula ? Make no sense. Et, contrairement à la relecture – réussie – de Jekyll par Moffat, là, il n’y a pas Michelle Ryan.

Macron est un prédateur. Ceux-ci, on ne tente pas de s’en faire entendre. On en garde éventuellement la peau après les avoir piégés.

Swiss Army Man (Dan Kwan, Daniel Scheinert) : pas tenu plus de 20 mn. Sans doute dû au fait que je sois plus soixantenaire que trentenaire.

L’état devient une entreprise dévouée à satisfaire ses actionnaires, offrant le bien-être à ses employés complices et promettant aux autres un licenciement social.

Dans l’Yonne, à la place des boites à lire, je suggère des boites à capsules de champagne.

L’homme donne un sens à l’univers – comme il fait parler les animaux dans les contes.

Je suis plus attiré par la SF troisième voie, entre le space opera ou le post-apo et l’exploration hypertechnoïde. Robert Charles Wilson, par exemple, qui sait préserver le sens du récit sans le réduire à une succession de péripéties ; qui sait poser un postulat sans en faire un jeu uniquement cérébral.

1972 ou rien ? Dans Ride upon the storm, l’affiche de Ziggy stardust trône chez le prêtre Johannes ; dans The crown, la princesse Anne chante Starman ; dans le lointain post-apo See, la reine Kane écoute Perfect day sur une platine et avec un ampli piqués à Julien Heylbroeck. D’où cette idée d’histoire où l’année 1972 infiltre le présent, comme une entité parasite.

À quoi pourraient servir tous ces appareils connectés, lorsqu’ils seront déconnectés ?

Darwinia (Robert Charles Wilson) : Oh, il s’est trouvé des gens pour faire carrière dans la politique en se servant de la xénophobie et de l’ardeur religieuse, mais ça ne durera pas. Il n’y a ni assez d’étrangers, ni assez de miracles pour entretenir la crise. La vraie question, c’est : jusqu’à quel point souffrirons-nous entre-temps ? Je veux parler de l’intolérance politique, de la mesquinerie fiscale, voire de la guerre. (p. 89).

« le président continuera à se rendre à des représentations théâtrales comme il en a l’habitude. Il veillera à défendre la liberté de création, afin qu’elle ne soit pas perturbée par des actions politiques violentes ».

Les littératures de l’imaginaire doivent dresser une cartographie par essence incohérente de l’espace pressenti ou visité. Sinon, autant arpenter l’espace cohérent du réel.

2020 / chapitre 3

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