Le point délicat est que ce ne sera pas une histoire de conquistadores. D’autres écrivains avant moi se sont illustrés dans la reconstitution, la fureur, le sang, la jungle, la rouille et l’acier. Le récit ne sera pas historique ; ce sera une réflexion vivante sur l’imaginaire. Sur l’objet d’un récit, sur sa figure. La Conquista, c’est la liberté de narration.
Pitch
Le Conquistador apparait dans le jardin de l’écrivain. Il germe du sol. L’écrivain et la fillette s’emploient dès lors à lui trouver un récit, à l’insérer dans le présent. Jusqu’à – peut-être et bien au contraire – se faire happer par lui (avec la complicité de la fillette).
Personnages
Trois personnages. Le couple écrivain / fillette imaginaire et le Conquistador. L’écrivain, c’est l’acte d’écrire ; la fillette, c’est la nécessité imaginative pour libérer le récit des entraves habituelles, c’est la force du conte, sa liberté (grâce à elle, le récit pourra se déployer dans un temps et un espace lointains et les nœuds narratifs pourront être résolus avec trois glands cachés sur une poutre comme chez Giambattista Basile) ; le Conquistador, c’est l’objet du récit, la cristallisation de l’acte d’écrire, sa pulsion objectivée.
Structure
Le tout sera décomposé en douze chapitres (autant de lettres que dans le mot c o n q u i s t a d o r). Douze thèmes.
Cette structure de douze tiroirs chacun agités d’une thématique en va-et-vient passé-présent-futur / réel-imaginaire nécessite un plan temporel précis. Lequel se décompose en 3 parties. Chaque partie comprenant quatre des douze thèmes.
La progression chronologique se fera de manière insidieuse à travers le fatras thématique.
Manières d’écrire
Travailler en vrac, produire de la matière concernant chaque thème. Repousser l’agencement et le montage. Je dois d’abord saisir les choses au vol et non pas obéir à une structure. Décoller et non pas pondre des chapitres-charnière uniquement inféodés à l’avancée d’une intrigue. User de Valentine (la fillette imaginaire) pour contrer et titiller Gj Kallenavne (l’écrivain – tout aussi imaginaire, mais ignorant son état, d’où le tour qui pourrait lui être joué à la fin du récit).
Bibliographie
Non pour la véracité d’une reconstitution historique et géographique, mais pour glaner quelques détails triviaux et autres points de dépliement de saillies imaginatives. La lecture de milliers de pages permet de prélever l’image de sabots de chevaux tranchés par les Aztèques de Tlaxcala et offerts à leurs dieux, ou la volière pleine d’albinos humains de Moctezuma, ou Quintalbor, le sosie de Cortés envoyé par les Indiens, ce genre de choses :
Les Derniers Conquistadors (Gabriel Quiroga de San Antonio)
Civilizations (Laurent Binet)
Le larron qui ne croyait pas au ciel (Miguel Angel Asturias)
Les Conquistadores (Hammond Hines)
Histoire de la conquête du Mexique (William H. Prescott)
L’escadron Guillotine (Guillermo Arriaga)
Puis, à venir, écrits de Hernán Cortés, de Bernal Diaz et de Bernardino de Sahagún ainsi que la partie péruvienne avec Pizarro et la Conquête de l’inutile (Werner Herzog).
Et je viens de recevoir Books of the Brave (Irving. A. Leonard) où l’on parle des lectures des conquistadores et de leur imaginaire.