2021 / chapitre 23

Clandestin est un terme administratif.

Dieu, le temps, les hommes et les anges (Olga Tokarczuk). Cette puissance se manifestait dans chaque mouvement, dans chaque son, une puissance qui par sa seule volonté crée à partir de rien puis renvoie les choses au néant. (p. 30). Comme tout être humain, Misia était née en quelque sorte disloquée. Chaque faculté, chez elle, faisait bande à part : la vue, l’ouïe, la compréhension, le sentiment, le pressentiment. Son petit corps était au pouvoir de réflexes et d’instincts. La mise en ordre de tout cela, voilà en quoi devait constituer la vie de Misia avant de laisser s’opérer la désintégration finale. (p. 58). Peut-être les moulins à café sont-ils l’axe de la réalité, le pilier autour duquel tout gravite et se développe ? Peut-être sont-ils plus importants pour le monde que les humains ? (p. 64). Que diable serait-il allé faire hors de sa bibliothèque ? (p. 238). « Tant qu’ils resteront un seul peuple et parleront une seule langue, ils pourront n’en faire qu’à leur guise… Je vais confondre leurs langues, Je les enfermerai à l’intérieur d’eux-mêmes, Je ferai en sorte qu’ils ne se comprennent plus entre eux. Ils se dresseront alors les uns contre les autres ; et Moi, ils Me laisseront en paix. » Et Dieu fit ce qu’Il avait résolu. (p. 349). C’est ainsi qu’il découvrit la loi de la réduction du quatre au deux : le deux est l’état du repos du quatre. (p. 364). Sur l’étagère du bas, il rafla les sacs de Misia, plongea les mains dans les intérieurs glissants et il eut l’impression de vider des animaux morts. (p. 374).

Je pensais que la littérature d’imaginaire se chauffait encore à un élan vers autre chose ; or, le lectorat et l’édition incitent à repasser toujours les mêmes plats.

Ce qui pourrait définir un genre, c’est que chaque livre entre en résonance avec tous les autres du même genre.

Qu’on ne se méprenne pas : je ne critique pas ici les livres lus (ou abandonnés en cours de lecture) pour ce qu’ils sont, mais comment ils arrivent dans une logique de curiosité dynamique, de processus de lecture. Si je les avais lus avant, peut-être auraient-ils trouvé leur place dans le flux. Ils arrivent trop tard, ce qu’ils portent a déjà été lu – et souvent écrit de manière plus fine.

Le garçon (Markus Malte) Roublard, sans âme ni contenu. Un livre-wiki avec les habituelles béquilles culturelles (ici Mendelssohn et Sade) pour faire comme. Le Garçon du titre n’existe pas, écrasé par le narrateur et son havresac factuel, son présent de l’indicatif, ses répétitions. Un exercice d’imitation parodique ? Même pas. Rien de vraiment notable. Juste la fin de cette description à sauver : Deux moitiés. Le tronc, les jambes. Séparés non par magie mais par le tranchant d’une plaque de tôle tombée de toute la hauteur du toit. Les intestins se répandent. Les boyaux, les viscères, une bouillie de matières et d’humeurs indéfinies, fétides. Ajouté à cela une grosse pièce de bois de la charpente s’est écrasée sur son crâne. Sous le choc un œil a giclé de son orbite. Il pend, seulement tenu par un nerf ou quelque autre filament. Dans la main de la fillette, entre ses doigts légèrement écartés, on peut apercevoir un œuf dont la coquille est intacte. (p. 132).

2021 / chapitre 23

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.