Cassandra (Tom Robinson) Un Gallmeister qui patauge dans le snuff bite-couilles-vomi-caca-etc., assez embrouillé et passablement outrancier. Ses vêtements pendaient sur lui comme des chaussettes sur un poulet. (p. 51). Je me faisais tout expliquer par un gamin qui avait moins de poil au menton que Jennifer Lopez. (p.76). Si le truc que j’ai entendu aboyer est plus gros que ma bite, je te paye un steak. (p. 132).
Je viens de terminer un roman de 624 000 signes incitant l’humanité à se taire. L’idéal serait qu’il ne soit pas édité. L’écriture, l’image, le son, ce n’est plus l’expression d’une âme s’élevant au-dessus des autres et les aspirant vers le meilleur, c’est l’écrasement des individualités par une individualité et ses relais industriels. Une pâte cérébrale industrielle dont les seules qualités sont expansives.
Je n’ai eu peur que lorsque nous avons déposé le bilan et que je me suis trouvé devant le juge du tribunal de commerce, qui brandissait un numéro avec un couverture de Nicollet sadomasochiste en hurlant : « Et c’est pour ça qu’on a fait un trou de 5 millions de francs ?! » (Jean-Pierre Dionnet, cité dans Métal Hurlant, La machine à rêver, 1975-1987, Gilles Poussin & Christian Marmonnier) Un livre terrifiant : dépeçage d’un élan créatif par les banques, le stress – et donc par la coke –, par les égos et les escrocs, par les rivalités et par le show-bizness, par les opportunismes, par la jalousie, par les incompatibilités et par les stratégies de survie, par la compétition charognarde en milieu d’affaires et par le temps. Chacun a l’éloquence de sa vision des choses.
Séries rapidement abandonnées : The irregulars, Debris : mornes poncifs, inventivité zéro. (Dans la série Débris, les personnages se font débriefer.) Lecture abandonnée : Rivages (Gautier Guillemain) : plat.
Que de phrases délectables au fil des pages : « Tiens ! » (p. 45), « Ça alors ! » (p. 83), « Malédiction ! » (p. 49), « Ce qui arrive devait arriver ! » (p. 55), « Tous mes plans auront donc échoué ! » (p. 121), « Nous ne sommes pas au bout de nos peines ! » (p. 54), « Damn ! Où sont mes bolgues ! » (p. 92), « Je n’y comprends rien ! » (p. 49), « Ainsi, il y aurait un jeu ? » p. 105). Et la plus suave : « Ah ! Il suffisait donc de tirer sur cette minuscule cassette ?!!! » (p. 94). Jamais sans doute l’ahurissement n’avait atteint un tel degré de pureté. (Jacques Goimard, postface au Major Fatal in Mœbius – œuvres complètes tome 3)
Pour atteindre la considération du lecteur, un livre de SF doit être assez sérieusement écrit pour susciter un débat. Sinon, il passe inaperçu.