Jour anniversaire de la mort de Jim Morrison. De l’autre côté de la rue, l’homme qui l’a tué. Il est là chaque année, alors qu’il va venir du monde pour la commémoration. Immobile, stoïque, il se tient devant un entrepôt de planches si serrées qu’on ne peut même pas rentrer. Je passe deux grosses conduites intérieures noires garées contre le trottoir et traverse la rue couverte de neige. Je me place à côté de lui. Taille médiocre, nez crochu avec une sorte de verrue au bout. Son air neutre et gris me frappe, ni remords ni joie, il s’apprête à subir les ressentiments de tous, comme chaque année. Il est rentré à la maison, dit-il. Tassant la neige sous ma semelle, je me dispose à parler longuement avec lui.