La semaine dernière, je suis allé chez mes parents. Le système de fermeture de la fenêtre d’une des toilettes est constitué d’un morceau de bois pivotant sur un axe en son milieu et venant se glisser dans deux pattes, une en haut et une en bas. Je l’ai ouverte. Du bois basculé est tombé une petite araignée qui y était coincée. Depuis quand ? Je ne sais pas. Elle est restée inerte, sur le dos. Je l’a crue morte jusqu’au moment où elle a faiblement remué une patte. Je l’ai poussée du bout de l’ongle sous un coin du papier peint afin de la protéger. Je suis reparti de chez les parents sans m’enquérir de son état. Vais-je la retrouver lorsque je reviendrai ?
The lighthouse (Robert Eggers). (Le conte de Poe cité par les auteurs est inachevé ; deux courts chapitres.) Au delà de l’intrigue, si j’ai bien saisi, l’idée pourrait être de condenser en un récit non rationnel certaines pages des journaux tenus par de vrais gardiens de phare. Les peurs vont et viennent, les rapports humains fluctuent, les personnalités sont happées par diverses folies, culpabilité, peur de la puissance marine, créatures fantastiques. Ce principe de nourrir une histoire à d’innombrables sources et d’incarner celles-ci en un seul personnage sans souci de rationalité d’évolution de comportement pourrait être un outil de narration formidable. Le personnage déborde d’un trop plein d’histoires dont il n’est que le réceptacle, qu’il subit, qu’il mime, qu’il ressent – sans pour autant montrer un apprentissage, une évolution. Aucune personnalité propre éprouvée, mais une mutitude de postures, aussi brèves et finies que vives. Piste à appliquer dans un prochain roman.
Cessons de tuer des animaux, mangeons de la chair d’homme. Optimisons toutes ces victimes de conflits guerriers ou de luttes sociales. Interdisons les armes chimiques qui gâtent la viande. Envoyons des équarrisseurs sur les champs de bataille. Des bouchers dans les manifestations. Plus de LBD, des pistolets d’abattage. Plus de retraite, des terrines. Plus d’hôpitaux, des charcuteries.
Je propose au lecteur de découvrir Caïman avec lui, à la mode d’un récit picaresque, sans but précisé en amont de l’écriture. L’écriture doit musarder, pas servir un plan préétabli. Caïman ne préexiste pas à ma narration : il nait et respire à chaque nouvelle phrase. À mon sens, une histoire ne doit pas mettre en scène un dénouement préétabli mais tracer sa propre ligne de fuite à mesure de son déroulement. Les évènements passent, s’accumulent et s’en vont ; l’esprit seul les relie. D’où le côté illusoire et donc non nécessaire d’une intrigue de type préétablie.
Je ne sais pas juger d’un livre s’il est bien ou pas. Je suis curieux de ce qu’il me fait penser.
6-Underground (Michael Bay) : après ça, dur de ne pas s’emmerder en regardant un Mission Impossible ou un James Bond. Mais dur également, le lendemain, de se souvenir de quoi ça causait.
Rouge impératrice : L’éreintage en règle se durcit. Ces types étaient les seuls à s’être déplacés pour aller chier partout où ils avaient posé le pied. […] Ils l’avaient fait chez eux, chez les autres, sur la lune, et l’univers s’était nourri de leur merde pendant des générations. (p. 300). Une belle image : La lumière orangée des réverbères dessinait des cercles phosphorescents, des astres en visite chez les humains. (p. 312).
Des culs-de-jatte avec des chariots mus par panneaux solaire.
The Witch (Robert Eggers) : on peut donc faire un film sur la sorcellerie comme échappatoire au dogmatisme religieux sans tomber dans un travers grand-guignol propre aux trucs de possession (cf. Hérédité), parfaitement éclairer l’affaire et diriger des enfants avec une justesse qui laisse admiratif.
Dommage que je ne vive pas assez vieux pour voir Kim Kardashian à l’âge actuel de Schwarzenegger. Sans doute identique à lui : deux stères de bûches et quelques poils.
Lorsque j’allume la cheminée, des insectes courent sur le bois qui s’enflamme. J’ai l’impression de lire un article sur l’Australie.
Nous sommes ingouvernables. Tous. Et donc, ils constituent un ingouvernement. Ils le savent.
La SF lue adolescent est une transposition des interrogations de l’âge dans un espace plus grand que sa chambre.
The crown : l’épisode avec Charles Dance en Lord Mountbatten est vraiment très bon. Il y a un travelling parfait où on précède Olivia Colman montant un escalier. Et Jane Lapotaire raffle la mise dans le rôle d’Alice de Battenberg en nonne grecque dans l’épisode précédent.
Rouge impératrice : Miano écrit ceci (p. 336) : Les […] populations continentales du passé […] préféraient se réclamer d’ancêtres puissants plutôt que de leurs sujets. Le désir de se représenter à la fois libre et glorieux cheminait donc obscurément avec un rêve de domination plutôt que de justice… Boya et Ilunga ont recours à des escapades éthériques au pays des morts – et des margouillats (lézards) curieux. Cette partie du récit tranche avec le tableau historique, politique et technique ; il s’y mêle sans obéir à une nécessité. Un contrechamp infini et familier aux luttes géographiques âpres. C’est curieux et bienvenu. Par exemple : Autour d’eux, une végétation d’algues brunes s’épanouissait, des porifères jaunes formaient çà et là de petits buissons. Il n’y avait pas un bruit, l’océan lui-même, dont la masse les recouvrait, ayant fait choix de silence. (p. 393). Et : Boya allait connaître sa nuit, les âmes qui la peuplaient, celles qui l’accompagnaient sur la terre depuis que le temps existait. Elle apprend également qu’elle a été baptisée plusieurs générations avant sa naissance, et qu’une fillette albinos présente les a choisis, elle et Ilunga, pour être ses parents. Et l’expression accorder leurs balafons.
Le contenu est contaminé par le packaging. (Par ex. : Les furtifs.)
Il n’y a pas de paradis, et il n’y a pas d’abri.
Nous nous affrontons essentiellement par l’entremise de fictions cérébrales.