Stardust (Nina Allan) Variation sur le même principe que Complications, à savoir un ensemble de nouvelles partageant de façon lâche un élément commun. Un côté factice apparaît. À moins que le thème de ses textes soit la prolifération de la famille dans le temps et l’espace. Le fourmillement de personnages, la diversité infatigable de leurs liens, leurs ramifications – une esquisse très poussée d’une foule qui se mesure à l’infini. D’après les ouvrages que j’avais lus à ce sujet, je savais déjà qu’en réalité le verre demeure un liquide et que seule sa forte viscosité lui permet de conserver une forme stable. Celui qui avait fabriqué les miroirs des frères Gelb avait réussi d’une manière ou d’une autre à mettre en lumière sa liquidité, à la quantifier, à persuader le verre de révéler sa vraie nature. (La porte de l’avenir, p. 106).
Il ne reste plus qu’à mettre au point un vaccin qui protège des vaccins.
Prépandémique vs postpandémique.
Détruire / Retruire
Raisonner en genre, c’est mettre un pince-nez pour se tenir à l’écart.
Mal de pierres (Milena Agus) Faux portrait d’une femme, élaboré par sa petite fille qui s’est laissée prendre à ses mensonges. Une forme d’ode à l’élucubration, à la soumission romantique, au fantasme. Je m’aperçois que Nicole Garcia en a tiré un film avec Marion Cotillard, délocalisé ailleurs qu’en Sardaigne, d’où est l’auteure. Curieux de voir dans quel sens elle a pris le livre. Je vais donc le regarder. (Si je ne suis pas revenu dans un an, louez mon souvenir.) Un jour, je m’étais même cachée dans un grand vase vide en piquant des tiges dans mes cheveux. (p. 55). Parce que le Rescapé fut un instant, et la vie de grand-mère tant d’autres choses. (p. 91). Papa lui dit que ce n’était pas une bonne idée, qu’il ne fallait pas introduire de l’ordre dans les choses mais seconder la confusion universelle et lui jouer de la musique. (p. 114). Et ce court chapitre V qui contient tout le roman – introduction du déséquilibre du personnage : Un soir, avant de s’asseoir dans le fauteuil bancal, près de la fenêtre sur le puits de lumière, grand-père alla prendre sa pipe dans sa valise de réfugié, sortit de sa poche un paquet de tabac tout neuf et se mit à fumer, pour la première fois depuis ce mois de mai 1943. Grand-mère approcha son siège et resta assise à le regarder. « Ainsi, vous fumez la pipe. Je n’ai jamais vu personne fumer la pipe. » Et ils restèrent en silence tout ce temps-là. Quand grand-père eut fini, elle lui dit : « Il ne faut plus que vous dépensiez de l’argent pour les femmes de la maison close. Cet argent, vous devez le dépenser pour acheter votre tabac et vous détendre en fumant votre pipe. Expliquez-moi ce qui se passe avec ces femmes, et je ferai exactement pareil. »