Un homme avec une tête lumineuse en forme de soucoupe.
Le vrac laissé dans l’esprit de chacun par la lecture assidue de livres de SF donnerait à formuler une définition de celle-ci autre que les épanchements infinis des universitaires qui se sont posés la question : qu’est-ce que la SF ?
On parle de l’orbite plus ou moins basse, plus ou moins haute tracée par un récit autour de la planète science fiction. Sa velléité de vraisemblance plus ou moins mise en branle.
Aventures de Caleb Williams (William Godwin). Le livre de Godwin est exactement le contraire d’un chapitre d’un guide pratique de conseils en écriture nouvellement édité : Show, don’t tell. Tell, don’t show. Il n’obéit à aucune règle de fabrication – et il est palpitant, c’est à n’y rien comprendre au manuel. Bon, il date de 1794… Godwin est le père de Mary Shelley, et anarchiste. C’est dense. Passé les 80 premières pages qui nécessitent une acclimatation, la lecture en est jouissive. Il y a plus à lire dans un paragraphe de Caleb Williams que dans la totalité de Celui qui dénombrait les hommes de China Miéville. Il se dit que, si l’on encourageait les fermiers dans des actes de désobéissance aussi inexcusables, il n’y avait plus de règle ni de bon ordre à espérer. (p. 106). Jusque-là, je n’avais eu aucune relation avec le monde et avec ses passions ; et, quoique je ne les connusse un peu telles qu’elles sont dépeintes dans les livres, je sentais que cette connaissance n’était qu’un faible secours quand je me trouvais face à elles. (p. 163). Nous trouvons toujours des charmes à faire ce qui est défendu, parce que nous sentons confusément que la défense renferme en soi quelque chose d’arbitraire et de tyrannique. (p. 165). William, dit-il, il y a une masse énorme de charges contre vous ; les preuves directes sont fortes, les circonstances qui viennent à l’appui sont nombreuses et frappantes. Je conviens que vous avez mis dans vos réponses une adresse extrême, mais, jeune homme, vous apprendrez à vos dépens que l’adresse, quelle qu’elle puisse être, ne saurait tenir contre la force insurmontable de la vérité. Il est heureux pour les hommes que l’empire du talent ait ses bornes, et qu’il ne soit pas au pouvoir de l’esprit le plus subtil de renverser les distinctions entre le juste et l’injuste. (p. 259). Chose étrange, que les hommes se soumettent de génération en génération à laisser dépendre leur vie du souffle d’un autre, et cela simplement pour que chacun ait à son tour le pouvoir de jouer, au nom de la loi, le rôle de tyran ! (p. 315). En choisissant un tel genre de vie, ces hommes ne pèchent pas moins contre leur propre intérêt que contre le bien général. Celui qui expose ou sacrifie sa vie pour la cause publique en trouve la récompense dans le témoignage d’une conscience satisfaite ; mais ceux qui se dévouent follement à braver les précautions indispensables, quoique cruellement exagérées, que tout gouvernement est obligé de prendre pour le maintien des propriétés, en même temps qu’ils jettent l’alarme et le trouble dans la société tout entière, montrent, à l’égard de leur intérêt personnel, autant d’imprudence et de mépris d’eux-mêmes qu’un homme qui s’aviserait de se placer comme point de mire devant une troupe d’arquebusiers. (p. 339). Mes yeux suivirent le carrosse, et je m’écriai : « Voilà le faste et les aisances de la vie qui accompagnent le crime, et voici le dénuement et la misère qui sont le partage de l’innocence ! » (p. 352). Après avoir bien examiné la question sous toutes ses facettes, je décidai que la littérature serait la carrière où je risquerais mes premières tentatives. J’avais vu dans mes lectures qu’il avait été gagné beaucoup d’argent à ce métier, et que des spéculateurs en ce genre de marchandise donnaient un gros prix à ceux qui étaient bons ouvriers.