Fascicule paru chez Le Carnoplaste en 2009. Disponible ICI
Pourquoi avoir écrit les Harry Dickson dans le désordre (181/184/187 puis 182/183 et… 202) ? Pourquoi pas ? Au gré de mon humeur, de ce que la couverture m’inspirait.
Et donc, le No. 202 ?
On ne le distingue sans doute pas vraiment sur la reproduction de la couverture, mais la deuxième tombe porte le nom de Georgette Cuvelier. Pour ceux qui ne connaissent pas le Harry Dickson de Jean Ray, j’explique ceci, dans mon histoire :
« Nous laissons au lecteur averti des précédentes aventures du Roi des Détective le soin de s’en souvenir ; aux autres, ce paragraphe, afin de tracer à grands traits les éléments nécessaires pour apprécier l’étrange préoccupation de nos héros.
Georgette Cuvelier était la fille de l’épouvantable professeur Flax, le Monstre Humain si justement nommé et vaincu par Harry Dickson après d’intenses péripéties et au terme d’une ultime lutte souterraine dont aucun témoin ne put faire la relation hors le détective lui-même… Pour venger la mort de son père, Georgette monta la fameuse Bande de l’Araignée de sinistre mémoire, qui signait chaque abominable forfait d’une araignée d’argent niellé. Si la résolution des velléités criminelles de Georgette Cuvelier fut aisément scellée, il en fut tout autrement de l’Amour, car la jeune fille au caprice de femme avait en sus de cette vengeance, destiné au détective de déroutants sentiments.
Georgette était morte sans séparer le Crime de l’Amour. Dès lors, leur ultime tutoiement hantait chacune des nuits du détective, depuis cette fatale journée où, vaincue, elle s’était tuée avec l’arme qu’il lui avait laissée… »
Georgette Cuvelier, morte : quel beau personnage.
Ceci m’a entraîné dans une aventure chargée jusque là de figures et de péripéties qui me sont venues en cascade à mesure de l’écriture. C’est là que j’ai, plus encore que les autres, lâché la rampe et que je me suis laissé aller à inventer sans me préoccuper de la manière dont j’allais ficeler le tout à l’épilogue – ou pas. Qu’on en juge : seulement 32 pages, et, outre que « la Béguineuse Sanglante tenta de se pendre en tissant patiemment une corde avec la paille de sa geôle. Ce fut qualifié d’ingénieux – mais ne résista pas à son poids », vous trouverez :
un égorgeur notoire littéralement broyé par la reine Élisabeth 1re elle-même ;
une mécanique tueuse ;
le Lily Pound du révérend Buxton (ceux qui connaissent Londres savent qu’il est sur l’Embankment) empli d’acide ;
un « one-penny boat » fantôme ;
une pension de famille où on vénère l’if ; où ne se retrouvent que des assassins ;
nos détectives qui communiquent de toit en toit à coups de fronde ;
une reproduction du tableau de Burne-Jones, « Arming of Perseus » où les nymphes n’ont que quatre orteils ;
un chien qui fait tourner la broche dans la cheminée depuis son « dog-pit »
et, pour faire honneur à la couverture, un cimetière mécanique, bien entendu.
Le tout agrémenté de 13 meurtres – dont deux, sans doute le fait de Georgette Cuvelier…
L’épatant est qu’il ne m’a fallu que trois pages pour livrer une explication qui se tient.