Les insomniaques, si tu ne veux pas leur téléphoner quand ils dorment, faut les appeler à 3h du matin.
The standoff at Sparrow Creek (Henry Dunham) : encore un film low budget (450 000 $), comme Prospect, qui fonctionne. Huis-clos dans un hangar. L’échange Gannon/Keating, par exemple. écouter aux portes d’un monde qui n’a plus d’utilité pour toi.
Pourquoi un éditeur ? Parce qu’il faut bien laisser leur chance aux crapules.
La chambre obscure (R.K. Narayan) : Une femme, Savitri, est excédée par son époux, elle quitte domicile et enfants, tente de se noyer. Apparaît un rétameur-voleur. Enfin, il volait pour faire plaisir à sa femme, à laquelle il était extrêmement attaché, et dont la seule ambition dans la vie était de remplir un petit pot de cuivre de pièces de monnaie et de précieux métal, et de l’enterrer au pied d’un cocotier qui poussait dans la cour de leur maisonnette. (p. 105). Plus loin l’héroïne est sauvée de la noyade par ce voleur : Il la fit rouler sur la berge et faillit lui sauter sur l’estomac. (p. 112). Ensuite, elle tente de subsister par elle-même et par son travail. La charité, on lui faisait la charité… Savitri était épouvantée à l’idée de toute la charité qui vous menaçait. (p. 152).
Quand tu postes un manuscrit, l’éditeur ne l’ouvre pas, il pense que c’est une facture.
Quand une personne comme Claire Brétécher meurt, que vous connaissez depuis toujours, c’est dur d’entendre : C’était qui ?
On continue à se farcir la plastique vieillissante de Robert de Niro, alors que celle de Madeleine Stowe a disparu des radars.
En fantasy, les trilogies, le premier volume ça va – et encore, au compte-goules.
Joker (Todd Phillips) : Au début j’ai eu très peur, avec ses cheveux longs en arrière, il ressemble à une sorte de Nick Cave avec l’option menton. Et puis ça dit comment ça se passe au niveau personnel quand on coupe les crédits du social et que les promesses de l’individualisme foirent, et ça se termine sur des scènes d’émeutes aussi factices que celles du Strange days de Kathryn Bigelow. Ce n’est tout de même que du cinéma plan plan.
Je lis les romans d’imaginaire en creux ; ce qui m’intéresse le plus, c’est ce qu’on abandonne du réel, ce qu’on gomme de lui, qu’on bascule dans le néant. L’univers qu’on lui substitue n’est pas souvent intéressant, plus il reste flou et non construit, mieux c’est. Pas de cartographie, qui n’est rien d’autre que le minutieux maquillage d’une absence. Cet univers secondaire visant à se substituer au nôtre ne doit pas être autre ; je préfère lorsqu’il n’est pas. L’Imaginaire, cet étrange besoin d’univers.
Sinistres augures (Arthur Upfield). Encore une déambulation de Napoléon Bonaparte. J’ai du mal à m’intéresser au déroulement de cette enquête-ci. Seul truc amusant : La peau de ses bras et de son torse avait la couleur des nèfles. (p. 20). Je ne sais pas si c’est parce que je le lis trop vite (et le style ne donne pas envie de s’attarder), mais je mélange les personnages et me contrefous de l’énigme.
Les insulaires (Christopher Priest). La troisième histoire est dense et les bestioles, les thrymes sont terrifiantes. Peu de pages, plus de tension que certains romans. Dans la suivante, il y a ce meurtre perpétué avec une plaque de verre : le détail incongru frappe l’imagination (j’ai visualisé la victime tranchée en deux, allez savoir pourquoi !). La narration de Priest est insidieuse, elle me laisse circonspect, soupçonneux. Dans celle-ci, je m’imagine deux réalités pour une même histoire. Et à partir de cette recension des îles, émerge, de manière très plaisante, une intrigue. Au lecteur de recouper les noms. Pour ajouter à l’incertitude de cette cartographie de l’Archipel, on apprend, page 218, que même les îles peuvent rêver.
Ai tenu 25 mn devant Dolemite is my name (Craig Brewer). Netflix ravale le format film à un habillage d’écran. Pénible.
Ce qu’on tait, c’est que sur la vidéo, dessous, dessus, devant et derrière Grivaux, il y a Hidalgo, Dati, Belliard, Simonnet, Bonnet, Saint-Just et Campion. Et Villani dans un coin, qui tripote son Rubik’s Cube.
Texto alors que nous étions dans la voiture. Mona est morte hier. Au téléphone, il y a un mois, elle se plaignait de gêne respiratoire. Infection ? Pas d’antibiotiques, curieux. Cancer des poumons. Nous la connaissions depuis 34 ans. Notre plus vieille copine. Nous n’irons plus à Perpignan ni à Fouilla du milieu, ni au Courtal. Une mort, c’est un territoire qui disparaît.
21 bridges (Brian Kirk) : Chadwick Boseman n’a toujours pas plus de charisme que dans Message from the King.
Caïman : les gaz de putréfaction donnent naissance à un nouveau genre : le fartpunk.
S’entourer de vieux pour nier la mort précoce.
On s’autorise des excès pour s’inciter à faire une grande promenade, et au lieu d’aller se promener, on vide la bouteille et on reprend du cake.