Publicité vue : couverture d’un roman de fantasy (peinture digitale ocre avec personnage de dos) et trois flèches pointées sur le livre qui indiquent à gauche, en haut : action, et en bas : aventure, et en bas à droite : écriture maîtrisée. À l’apprenti-écrivain visant à être édité, il ne reste qu’à suivre ce simple tuto.
La junte sanitaire (Patrice Pelloux).
Avenir radieux : La déforestation de l’Amazonie s’avère nécessaire afin de répondre à la demande de cercueils pour les morts de la pandémie.
Je ne laisserai pas une trace indélébile dans le grand slip de l’écriture qu’est le monde de l’édition.
Caïman : il doit y avoir des descriptions précises, et puis la manifestation indécise de l’esprit à leur propos.
Je suis assis dans un fauteuil, à l’ombre du tamaris. Je lis mon troisième Alejo Carpentier en quelques jours. Catherine fourgonne, redresse une branche, coupe les têtes fanées des lilas, tond et cisaille. Troupitte dort dans une caisse de bois posée sous le laurier-palme. Chastragnette traverse la pelouse en bondissant après un lézard vu sur le mur, après un autre lézard vu sur l’autre mur, après un gros moustique. Des chardonnerets font un nid dans la glycine. Un couple de rouges-queues entre en sort du garage par une ouverture dans les silex. Les poissons déposent comme des baisers à la surface de la mare. Les deux poules du voisins échangent des potins. Cinquante et quelque-t-ième jour de confinement. Je laisserais s’écouler un siècle – si seulement Alejo Carpentier avait écrit plus de romans.
Le partage des eaux (Alejo Carpentier). Je relis une édition que je trimballe depuis 91. J’ai pour habitude de corner le coin d’une page où quelque chose a retenu mon attention, sans noter le passage avec précision, pas même d’un coup d’ongle. Certaines choses sont évidentes (Puis on entend le chalumeau d’un rémouleur, s’accordant étrangement avec le cri mélismatique d’un géant noir qui porte un panier de calmars sur la tête, p. 59) ; d’autres ne me disent rien, que je ne retrouve pas. J’en conclus qu’on ne relit pas vraiment, que le relecteur est quelqu’un d’autre, un soi oublieux de soi. les hommes amphibies qui allaient dormir au fond des lacs (p. 194). Voici les plantes qui ont fui l’homme au début, me dit le moine. Les plantes rebelles, qui ont refusé de lui servir de nourriture, qui traversèrent des fleuves, gravirent des cordillères, sautèrent par-dessus les déserts, pendant des millénaires, pour se cacher ici, dans les dernières vallées de la Préhistoire. (p. 275) : Ryhope de Robert Holdstock sans Mythagos, ou verdure de Ward Moore sans le recours à la mutation. Les plantes, seules : une idée de roman vertigineux. Ce qui me fait songer (sans doute à tort) que la fantasy, la sf, le fantastique, sont essentiellement des dispositifs qui, lorsqu’ils sont sans âme, n’ont pas plus de qualités que n’importe quel autre mauvais récit hors ces genres. là où le divorce devenait long et difficile en vertu de lois hispaniques qui incluaient des rogations et Tribunal de la Rote (p. 323).
Collection LES EXPLOITS DE MACRON (ou de MACISTECRON)
DERNIER NUMÉRO PARU :
SUR LE RING DE L’ÉLYSÉE, MACRON, VÊTU DE CHIFFONS, AFFRONTE LA CULTURE ET SES TROUPEAUX DE ROBINSONS AVIDES DE FROMAGE SUBVENTIONNÉ.
NUMÉROS ANCIENS (toujours disponibles) :
MACRON, MASQUÉ, SE MESURE À TROIS CANCRES D’UNE ÉCOLE DES CONFINS, DÉCONFINÉS POUR L’OCCASION ET PAR CE FAIT RENDUS QUASI-SAUVAGES.
EN SEYANTE BLOUSE DE MANUTENTIONNAIRE, MACRON COMBAT À MAINS NUES UN COUPLE DE SUPER-U – LUI, BOUCHER, ELLE, CAISSIÈRE.
SON LARGE FRONT CEINT D’UNE CHARLOTTE, MACRON RÉDUIT EN PULPE DES TOMATES BRETONNES POUSSÉES HORS-SOL PAR MESURE DE DISTANCIATION POTAGÈRE.
La virtuosité (d’Eric Vuillard) procure une sidération convenue.
N’importe quel hasard est préférable à l’ordre méprisable qu’on veut nous imposer : un ordre soutenu par la lâcheté collective, par la prédominance des médiocres, par des habitudes dictatoriales, par des raisonnements qui n’ont rien de commun avec notre esprit. (Alejo Carpentier, dans un article de mai 1931.)
A rainy day in New York (Woody Allen) : plaisant. Elle Fanning fait très bien la gourde provinciale avec un verre dans le nez. On y croise Rebecca Hall. Et Thimotée Chalamet est plus vivace que dans The King (avant de se retrouver lent, renfrogné et jouant comme une excroissance poussée hors du corps de Ryan Gosling dans le Dune de Villeneuve).
Et voici qu’une petite tache sur une page, ronde comme un point, me fait lire inoi au lieu de moi.
Non pas existence de l’âme, mais désir d’âme.
Un événement mondial a estompé l’actualité de ma personne.