2021 / chapitre 4

Sans la montée artificielle de fièvre commerciale, on se rend compte qu’on en a pas grand chose à foutre de la sortie d’un blockbuster mondial.

Un forcené étouffe sa famille avec de la laine de roche en hurlant: Isolation à un euro ! Isolation à un euro ! Aux policiers qui le maîtrisent, il dit avoir obéi à une directive européenne qui lui parlait dans sa tête. Encore un cas de radicalisation téléphonique, conclura le juge.

De toute façon, soit t’es binaire, soit t’es non-binaire. (Ou, pour dire plus subtilement : de toute façon, soit t’es non-binaire.)

Les dynamiteurs Benjamin Whitmer. Un bouquin du genre noir, avec ses expressions qui tapent, mais qui se révèle trop peu entraînant. La moitié de la police de Denver était là, elle aussi, assise avec les clochards pour bouffer gratuitement. (p. 39). Bon dieu, je déteste quand il s’exprime par citations, dit Cole. Je peux pas faire confiance à un homme qui parle avec les mots d’un autre. (p. 85). Voilà, fondamentalement, ce qui fait qu’un pigeon est un pigeon : il se croit membre d’un groupe. (p. 155). Il y avait trois femmes inconscientes étendues sur les méridiennes. Ce n’étaient pas des putes, ça se voyait. Propres et pimpantes, complètement nues en dehors d’un léger vernis de sueur, toutes les trois blanches comme des carcasses dans la prairie. (p. 183). C’est vrai, quoi, j’ai toujours eu envie de voir un flic se faire tuer. — C’est pas aussi joli que tu le crois. (p. 222). Derrière le comptoir, une femme à tête de crachoir nous regarda avec ses petits yeux. (p.321).

Devs (Alex Garland) Les acteurs ont un bon texte à dire, concis et adéquat, et si certains plans ont tendance à se Terrence Malick-iser, là au moins, à chaque fois qu’un personnage dit Jesus, le sous-titre affiche Purée.

Un ex-édité par nous nos-zauteurs on les aime-gnagnagna.

Elle n’avait pas le popotin moisi.

La fracture (Nina Allan) Le livre s’appelle Fracture. Il parle d’une jonction. Plus on avance, plus ça s’entremêle pour une confusion étrange. Jamais on n’est perdu, jamais on sait exactement où on est. Il y a un écho du livre de Claire Duvivier, Un long voyage. — Qu’est-ce qui t’a fait revenir à Manchester ? demanda Selena. — La pluie. (p. 65). — Une xénométallurgiste ? — Elle est spécialisée dans les minéraux et les métaux qui ne viennent pas de la Terre. (p. 90).

Catherine et moi, on se rejoint sur l’essentiel. Du genre Oh celui-là, il sent grave.

Connaisseur blasé, impossible pour lui de se montrer surpris. Agilité d’esprit contre sens perdu de l’émerveillement.

Écrire, c’est écrire. Être publié, c’est dépendre d’un éditeur qui une fois empoché l’aide du SNL passe très vite à l’auteur suivant, d’un diffuseur qui t’escamote, d’un libraire qui a-do-re Jacques Saussey et la reprise inepte de Blueberry, d’un festival qui t’oublie dans la semaine qui suit ton prix, d’un lectorat qui dé-vo-re de la Bit-Lit et d’une blogueuse pour qui Stephen King, whaou.

Manuel de l’écrivain : lorsque tu écris, oublie ce qui s’est fait et les auteurs qui t’ont incité à écrire. Si ton récit croise vers quelque chose de déjà lu (sous forme d’un clin d’œil ou d’un hommage complice, d’un à la manière de), abandonne aussitôt, bifurque. Dès que l’ombre d’une œuvre ou d’un écrivain s’avance sur ta page, fuis.

La fantasy n’est pas un ailleurs, mais un ici traité avec liberté et les noms utilisés pour le singulariser sont composés avec les lettres les moins employées de la langue (le q, le k). Donc, la fantasy est une transposition du réel exécutée avec les lettres les moins utilisées de l’alphabet (et avec le redoublement de voyelles pour l’illusion d’en pouvoir créer d’autres).

2021 / chapitre 4

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