Vu Les amants (Louis Malle, 1958) et Look back in Anger (Tony Richardson, 1959) : Alain Cuny vs Richard Burton, Jeanne Moreau vs Claire Bloom…
Noyau dur qui se pense cœur du milieu et qui n’est qu’un satellite d’une nébuleuse. Qu’est-ce que je veux dire par là ? Que, quand on considère un pan de la littérature qui se proclame de genre, ceux qui en sont le centre ont l’air de chats coincés dans un couloir, à l’affût – et que les proies sont très rares.
J’ai reçu un important prix littéraire – après quoi le livre et son prix ont été ignorés par l’autorité éditoriale sous laquelle il avait été placé ; ie livre est aujourd’hui non-existant, comme s’il n’avait pas été écrit. Ce n’est pourtant pas compliqué, le métier d’éditeur. Un auteur reçoit un prix. On orne le livre d’un bandeau, on le place sur les tables des libraires, il s’en vend.
Sur les ossements des morts (Olga Tokarczuk). Après ses Histoires bizarroïdes, je m’attaque au reste de son œuvre. Un roman policier sur le sort réservé par les chasseurs aux animaux, et la vengeance qui suit. Dans un hameau perdu à la frontière avec la Tchéquie. Une femme. Des morts. Et William Blake. Vraiment très bien. Seule une machine serait capable d’endurer le malheur du monde. (p. 49). En contemplant le paysage noir et blanc du plateau, j’ai compris combien la tristesse était un mot important dans la définition du monde. Elle se trouve à la base de tout, elle est le cinquième élément, la quintessence. (p. 57). D’une certaine manière les gens comme elles, ceux qui manient la plume, j’entends, peuvent être dangereux. On les suspecte tout de suite de mentir, de n’être qu’un œil qui ne cesse d’observer, transformant en phrases tout ce qu’il voit ; tant et si bien qu’un écrivain dépouille la réalité de ce qu’elle contient de plus important : l’indicible. (p. 62). Il est facile de nous faire du mal, de nous abîmer, de casser en mille morceaux la minutieuse construction de notre existence étrange. (p. 70). J’ai observé les même mécanismes à propose de la saga Alien, l’extraterrestre qui hante un vaisseau spatial. Dans ce cas précis, on était confronté à des rapports subtils entre Pluton, Neptune et Mars. Chaque fois que Mars aspectait conjointement ces deux planètes lentes, la télévision programmait un Alien. N’était-ce pas fascinant ? (p. 106). Je lisais sans pouvoir m’arrêter. J’accomplissais sans doute le souhait de l’auteur : tout ce que je lisais pénétrais dans mes rêves. (p. 143). La santé est un état incertain qui n’augure rien de bon. Mieux vaut être raisonnablement malade, cela permet au moins de prévoir la cause de son propre décès. (p. 179). Le psychisme, c’est notre système immunitaire, il veille à ce que nous ne comprenions jamais ce qui nous entoure. Il s’emploie surtout à filtrer des informations, alors que les possibilités de notre cerveau sont immenses. Ce savoir serait trop lourd à porter. Car chaque petite particule du monde se compose de douleur. (p. 235).
— T’as vraiment une mémoire de poisson rouge. — Et ? — Et je sais plus pourquoi je te disais ça.