lundi 29 avril
Drôme. Mise en carton de Saint Vallier.
mardi 30 avril
Déménagement de Lisa en Ardèche.
mercredi 1 mai
Sapins, herbe, oiseaux, vaches. Pas de réseau, pas de téléphone. Pas de nouvelles d’Épinal, hé hé. Vu un lézard vert au visage bleu électrique. Non, deux. Endroit calme. Hormis les oiseaux et les grillons. Ici, les arbres poussent penchés dans tous les sens, comme s’ils tentaient de s’éloigner les uns des autres. Vallon, ceux qui vivent sur les pentes ont souvent des fesses musclées.
jeudi 2 mai
Deux drôles de rêves, trop complexes pour être notés, logiques dans leurs moindres détails et d’une agilité de construction qui m’émerveille : il y a à y puiser de merveilleuses solutions narratives. Lu Madame Marie Grubbe de Jens Peter Jacobsen. Vais devoir lire La famille de Grethe-la-Poule de Andersen et dénicher Le voyage souterrain de Nils Klim de Ludvig Holberg. Lu Il est minuit, Charlie Chaplin de Stuart Kaminsky. Peu bavard, pas digressif, mais pas sec, un bon équilibre d’écriture. Pour Ogrur : revoir la narration, retrouver l’enchantement qu’on ressent à imaginer de petits bonshommes gravir des mottes de terre ou traverser un ruisseau, ou camper sur la croûte sèche d’une bouse de vache. Réévaluer le cadre post-apo. Pour TMPSDB : commencer directement par Ed qui entre dans l’ascenseur. Réécrire de manière que chaque chapitre soit une énigme dont la nécessité narrative se dévoile à la lecture du suivant.
vendredi 3 mai
Vu Avengers Endgame au cinéma et en vf : en gros, à voir l’état des rues où personne ne songe à enlever les poubelles et le parking du stade encombré de voitures abandonnées, la moitié de la population mondiale transformée en farine de froment par Thanos sont les travailleurs modestes, les corvéables (les survivants roulent toujours en Audi) ; ensuite, un personnage (Scarlett J.) dit : je n’étais rien, après j’ai eu un job et une famille ; ensuite, il y a une partie de rugby intergalactique avec un gant à la place du ballon ; à la fin, Captain America choisit de se transformer en Clint Eastwood vieux. Quelque chose de dissimulé se dévoile lorsqu’on écrit. Il faut régler sa lecture au rythme du livre : l’auteur abonde de détails, lisons-les un à un, mais la tension narrative doit être mesurée afin de ne pas inciter à l’impatience ; il narre vivement : lisons lentement ; son travail apparaît. Eparcyl et la garantie d’une fosse tranquille : j’ai l’impression de pisser sur la tombe de François Mitterrand. Sinon, du réseau, brièvement, en sortant de la combe où habite maintenant Lisa : Femmes d’argile et d’osier a eu le prix du roman francophone aux Imaginales. Ce malin de Corteggiani le savait : « il n’y a pas de bouquin d’Estelle Faye en lice », m’avait-il dit. Chic ! des lecteurs pour cette histoire qui, bâtie sur la réalité, s’effondre au ralenti puis se fragmente très vite avant de disparaître dans la poitrine d’osier d’une vieille femme. Vu Tic & Tac Rangers du risque, l’épisode avec les zanzipattes et cette réplique prononcée par Tac d’une voix de canard : garçon, la même chose !
samedi 4 mai
Lu Le Dauphiné libéré. Seule la Taxe sauvera le monde, affirme le politique. Imaginons qu’il n’y ait plus de Terre, mais un agglomérat, un amas de politiques agrippés les uns aux autres, qui dérive dans l’interastral en rugissant : taxe ! taxe ! ; l’amas criaillant échoue quelque part au centre de l’univers, il y a un éco-portail cosmique qui l’aiguille vers un trou noir, une recyclerie d’où il ressort sous la forme d’une inconséquente crotte d’antimatière. L’univers secondaire d’une Fantasy pourrait être un monde au vocabulaire limité. Une dame d’ici, la soixantaine, célibataire avec deux chats et un chien, nous glisse que le vin d’ici, le Saint Jo[seph] est couillu.
dimanche 5 mai