JOURNAL 2019 / semaine 27

lundi 1 juillet

Du foie gras de sumo gavé, des morts, un trafic ! De quoi écrire un thriller ! (Merci Anouk Langaney !)

Été (subst. masculin) : période de l’année commençant au solstice de juin, longue de quatre jours où la température explose les thermomètres et crame vif les poules. Elle sera immédiatement suivie par un temps de merde où on se pèle les c*** en contemplant son potager pourrir sur pied, le nez dans un grog et les épaules sous une couverture de survie couleur soleil mort.

L’intelligence d’autrui active la mienne propre, qui n’a pas vraiment de visage utile ou qui, à coup sûr n’est pas prédatrice, incitatrice, dominante ni juge.

Des fois, je ne peux rien lire sans devoir m’interrompre toutes les cinq minutes pour noter des trucs sans aucun rapport avec la lecture en cours.

Avons été dans la cave de Jeannine (90 ans) siphonner la gnôle de trois bonbonnes différentes. Un tuyau à amorcer, trois gorgées, une à chaque fois. À la première, j’ai souri à Catherine. À la deuxième, j’ai embrassé Jeannine et j’ai invité la troisième bonbonne à danser une valse.

mardi 2 juillet

Ne pas élaborer un récit à partir d’un canevas purement cérébral, mais le traiter d’instinct.

mercredi 3 juillet

Avons serré dans nos bras notre médecin qui quitte son cabinet pour cause de maladie.

jeudi 4 juillet

Dans le potager, je viens de voir une pie étrangement couchée sur le flanc qui remue la tête et s’envole à mon approche.

À partir d‘un tronc de belle longueur, le voisin s’est employé à faire un bassin. Il en a ôté une dosse à la tronçonneuse, puis il a patiemment évidé le tronc avec une gouge, à la manière d’une pirogue, pour le remplir d’eau. Nous sommes sur la terre ferme ; l’eau est donc à l’intérieur de l’embarcation.

vendredi 5 juillet

Lorsque le roman est écrit en entier, que chaque page participe à la narration, que l’arc est scellé, voici la phase que je préfère, celle où il faut réévaluer les chapitres sans s’en contenter tels qu’ils sont, afin de les construire mieux, d’en saisir les éléments et de les nouer avec plus de force, plus d’invention, plus de surprise, de les mettre en scène selon les possibilités contenues par leur trame nécessaire, de les expurger de toute platitude narrative mécanique, de toute cette paresse qui se dissimule derrière le contentement de voir qu’ils servent l’histoire. Bref, de leur donner littérairement vie. Lorsque le roman est terminé, tout est donc à écrire.

On pourra relever qu’afin de m’épargner cette peine il suffirait en amont d’établir un plan très détaillé du récit qui contiendrait tous les nœuds tissant chaque chapitre avant leur rédaction. Oui, mais voilà : c’est sous la plume que viennent les choses, pas dans un plan. Un détail (une improvisation sur la couleur lichen d’un iris) devient l’illustration requise et baroque d’un fil du récit – Tout procédé de structuration d’un récit est rétif au lichen.

Le plus fortuné est celui qui en a le moins besoin, mais c’est celui qui est en situation d’accaparer.

Relu L’expédition (Per Olof Sundman), plus étrange à chaque fois. Il y a des forêts que l’on met dix mille heures à traverser (p. 80).

Faire éprouver le vrac du monde par des enfants sans éducation.

samedi 6 juillet

C’est qui qui va à Bernouil ?

C’est nous !

Pourquoi aller à Bernouil ?

Pour les noces de sophie Fitz et d’Émile Fitz !

Fête réussie, dans une ferme fortifiée du XVIe avec d’innombrables pièces.

dimanche 7 juillet

Retour de Bernouil.

Sur notre recommandation, le voisin a acheté la 4L de Gisèle.

JOURNAL 2019 / semaine 27

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.