JOURNAL 2019 / semaine 28

lundi 8 juillet

Après l’enquête folklorique et historique ayant pour objet la paternité des Contes de Perrault, l’hypothèse de Marc Soriano à propos du trauma engendré par la mort de François, le jumeau de Charles, à l’âge de six mois part en vrille de manière fascinante : le thème se déploie en reflet inverse dans les contes (choisis pour cette raison inconsciente parmi un corpus infini de tradition orale). Place du cadet, parents, inversion morts / vivants de la situation familiale vécue par Perrault, semi-vie de La belle au bois dormant, gémellité sous-jacente et d’autres choses du même tonneau : nous arrivons à une indéniable similitude avec l’auteur de Ubik. Perrault est, comme Dick, hanté par un jumeau mort. Uchronie : il faudrait creuser l’idée d’une version anthume / posthume de A howl in the daylight écrite sous forme de conte par Perrault.

Abandonné Stranger Things à la fin de la S1, Banshee à S01E4, pour The Crown, excellemment joué et écrit (et pourtant sans cul/pognon/violence ni années 80).

mardi 9 juillet

Non, Arthur H et Arthur Honegger ne sont pas la même personne.

Catherine passe le rotofil. Un nuage de poussières s’élève et dérive. Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il cesse d’être nuage et pourtant, aucune des parties le composant n’est retournée au néant.

Le jeûne et le régime sévères en amont d’une coloscopie portent préjudice à l’intégrité des microbiotes ; le deuxième cerveau est atteint, le patient sort de là plus idiot et le cul douloureux.

Syncrétisme / sérendipité / esprit offert au hasard, pas de système à construire, une errance.

mercredi 10 juillet

À mesure que s’élabore l’écriture d’une histoire, les thèmes s’en dégagent, qu’il faut utiliser, tresser et maintenir, de leur frémissement inopiné jusqu’à leur pleine utilisation.

Ce n’est pas l’Amour qui rachète le fait absurde de vivre : c’est l’Hypothèse.

Soriano nous incite à penser que Charles Perrault est dont un jumeau dizygote survivant ayant employé le javanais dans Cendrillon – et qu’il a eu son propre fils comme jumeau mort.

Indianisme vs ritualisme.

L’époque accepte et promeut aux plus hauts postes des individus sans humanité, des hommes fous.

jeudi 11 juillet

Ai revu Lost city of Z : tout de même inappropriée, cette lenteur de narration, cette molesse sans à-propos véritable.

Dans Ubik : uberisation (type activité Tupperware) des semi-vivants.

Lu L’assassinat du Père Noël (Pierre Very) et vu L’assassinat du Père Noël (Christian Jaque) : peu de choses en commun.

vendredi 12 juillet

Ubik, bien que morbide, a un ton essentiellement dépressif-désinvolte. Tout d’abord, Dick s’est prudemment amusé avec le principe de rationalisation ultérieure du feuilleton improvisé en le personnifiant sous les traits de Pat (qui peut plus ou moins changer le présent – et donc annuler une scène écrite sans que l’écrivain ait de repentir dessus) et puis il revient sur ce pouvoir en un mouvement contraire et ne l’utilise pas, ce qui fait d’Ubik un bouquin dont on ne perçoit pas tout de suite la structure quand on se retourne dessus. Juste, c’est un récit avec une poussée initiale assez forte, dont il laisse mourir l’élan sans en faire grand chose d’autre qu’une suite de péripéties anecdotiques, noyées dans d’incertaines manifestations. Pat ment sur son pouvoir : même le principe d’incertitude est incertain. Pulsion (tentatrice et familière à tout écrivain) d’annihilation des éléments rassemblés pour un récit, lassitude créatrice devant l’artificialité incontournable d’une histoire. Délitement hypocondriaque. Et Jory, le rat dans le cercueil qui bricole la réalité, comme un grumeau formé de bribes plus ou moins logiques pour structurer l’affaire. Et puis… Ella Rucinter, et de nouveau Jory… Et tout dépend d’un produit… Et Glen Rucinter… On solde les possibilités narratives sans y croire… Le seul truc certain, c’est que le bouquin se termine. Ubik, qui parle de réalité instable, n’est pas un roman.

samedi 13 juillet

Tenté de regardé Le monocle rit jaune (Lautner, 1964). C’est vide, sans rythme, mauvais, mal joué (Meurisse est épouvantable). Seul intérêt peut-être, les images d’époque de Hong Kong.

Me suis rabattu sur Unsane (Soderbergh) avec une Claire Foy qui assure.

Chez Perrault, la mère du Petit Chaperon Rouge ne prévient pas sa fille du loup en forêt, elle l’envoie donc délibérément à la mort.

dimanche 14 juillet

Idée scénario BD intitulée XXXIX (3 x XIII) : 3 amnésiques se retrouvent seuls coupés du monde.

JOURNAL 2019 / semaine 28

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.