lundi 21 octobre
Les filles pressées se maquillent au fond de train.
Écrire de l’imaginaire est une activité de placard. Plus le lectorat est exigu, plus la liberté est grande ? Non. Ce lectorat de placard est casanier.
mardi 23 octobre
Pour qu’un texte d’aventure fonctionne, on peut aussi repousser l’écrivain dans les limbes, qu’il n’apparaisse pas dans la narration.
mercredi 24 octobre
Réunion livre Goguettes jusqu’à 2h du matin. Me suis aperçu que je ne connaissais rien de la chanson française. Ouf.
jeudi 25 octobre
Peaky Blinders #5 : toujours ces ralentis, ces gerbes d’étincelles dans l’atelier, cette musique anachronique dissonante, ces gros plans dès qu’il allume une clope, ces répétitions de prénoms (Arthur ! Arthur ! Ada ! Ada ! Polly ! Polly !). Ces ficelles, ces discours mis par d’autres dans la bouche de Thomas. Des raclures en dernier recours face à pire raclures qu’eux – toujours, pires qu’eux, servies sur un plateau, qu’on les voie encore massacrer. Bref, je me lasse.
vendredi 26 octobre
Déjà vendredi ?
samedi 27 octobre
Vi The clovehitch killer (Duncan Skiles), sur un fils qui suspecte son père d’être un serial k. Famille croyante, etc. Glaçant et très réussi.
dimanche 28 octobre
Lire un roman ne m’a jamais incité à l’analyser – ni, donc, à pouvoir en restituer quelque chose, à parler de son propos, de ses qualités, etc. Un roman est une interface entre moi et mon imagination. Je lis, mon esprit vagabonde, bombardé de choses impromptues (le passé entouré de gradins, dans Tristesse de la terre d’Éric Vuillard ; le fabuleux pouvoir de combustion du sens à travers le spectacle) ; et donc, moins l’auteur met en mots les saillies de son intelligence, ce qui interrompt la trame, plus l’incitation est aisée. Il faut donc que le récit soit délivré sans la présence de qui l’écrit. La réflexion de l’auteur sur de son texte ne m’est pas utile, ni l’indicatif de son degré de subtilité avec ses remarques parasites. Lorsqu’il trouve un équilibre entre ses pensées signifiées par un autre biais que ses personnages, et une narration qui à un moment s’échappe également des nécessités de l’histoire pour partir en biais, là, oui. Ce flottement où ce qui est écrit se détache à la fois de l’histoire et de la réflexion et où, là, mon esprit suit, là, mon imagination est attirée, sans bride. Vuillard recouvre littéralement son récit sous sa propre réflexion. Moi, je n’ai que difficilement pu rêver.
La loi au service des puissants et les puissants au-dessus de la loi.
Le mariage des deux antiques fléaux : la cupidité et la peur. (la narratrice dans Inherent vice